breaking news New

Edito : la France entre Afrique et l’UE

Afrique UE

Les putschs récents en Afrique ont éloigné la France de certains alliés traditionnels comme le Burkina, le Mali et le Niger. Aussi, rien n’est garanti en Côte d’Ivoire et au Sénégal en cas de surprises lors des scrutins présidentiels. Cette situation est aussi la conséquence de l’élargissement de l’UE à l’Europe de l’Est qui a éloigné Paris de ses anciennes colonies. 

En effet, plusieurs chiffres peuvent illustrer cette dichotomie ou cette divergence. Ainsi, en 2023, la contribution française au budget européen devrait atteindre 27,2 Mrds d’euros, soit 18,5% des contributions des Etats membres. En parallèle, l’aide française au développement est plutôt modérée avec en tête le Sénégal (177 millions d’euros), suivi du Mali (107 millions d’euros), du Burkina Faso (100 millions d’euros) et du Niger (92,4 millions d’euros).

Par ailleurs, le stock des investissements français au Maroc, avoisine les 10 Mrds d’euros, soit la moitié du niveau réalisé en Pologne. Ces chiffres sont illustratifs car dans le domaine de l’investissement, les prédictions sont auto-réalisatrices. En effet, chaque investissement stimule la croissance tout en favorisant le transfert du savoir-faire et la création d'écosystèmes. 

Ainsi, l’élargissement de l’UE vers l’Est qui a débuté par la réunification allemande, a fait basculer le centre de gravité de la construction européenne. Dans ce cadre, les pays de l’Europe de l’Est, ont monopolisé l'attention de l’UE et de la France en termes d’investissements et d’aides au grand bonheur de l’Allemagne qui a bénéficié de nouveaux marchés et d’une main d'œuvre qualifiée. D’ailleurs, la meilleure illustration de cette stratégie est le “sabotage” de l’Union pour la Méditerranée de Nicolas Sarkozy par l’UE. 

Dans l’autre camp, comme les moyens financiers de la France ne sont pas illimités, Paris a progressivement levé le pied en Afrique. Ainsi, la part de marché de la France en Afrique a reculé de 10,6% à 4,4% en vingt ans. Surtout, pendant que la France se concentrait sur l’Europe de l’Est, d’autres puissances économiques comme la Turquie ou la Chine ont misé sur le soft power ainsi que sur les financements à 100% des projets. Dans ce cadre, quand la France réduisait de moitié les visas accordés aux maghrébins, ces derniers en étaient exemptés pour aller en Turquie.